Pourquoi sa date varie ?
Avant la réforme en 104 avant notre ère, la détermination du calendrier chinois était une prérogative royale, jalousement gardée. Mais tous les états vaisseaux n'utilisaient pas le même calendrier. La réforme eut pour but de fixer le début de l'année avec la première lune qui suivait la sortie du soleil du signe du capricorne (dernier des trois signes hivernaux).
Le calendrier chinois est un calendrier luni-solaire.
Une année se compose de 12 mois lunaires de 29 jours (petit mois) ou 30 jours (long mois). Chaque mois débute par une nouvelle lune (déterminée à l'observatoire de la Montagne Pourpre à Nankin). Ces mois ne portent pas de noms mais des numéros en fonction de leur apparition dans le temps. L'ensemble des 12 mois totalisent 354 jours, il manque donc 11 jours pour coïncider avec l'année solaire. C'est pourquoi tous les deux à trois ans, les Chinois intercale un mois supplémentaire mais d'une part il ne faut pas que ce soit pendant la période où le soleil passe d'un signe zodiacal à un autre d'autre part, le solstice d'hiver doit être au 11è mois, l'équinoxe de printemps au 2è, le solstice d'été au 5è et l'équinoxe d'automne au 8è.
Pas question d'ajouter un 13è mois.
Donc un mois est doublé par exemple le 6è ou le 3è ou...
Le jour de l'an varie entre le 21 janvier et le 20 février
La diaspora chinoise fêtera l'an 4706 dans le monde entier le 07 février 2008. Année placée sous le signe de l'animal symbolique "Rat " et de l'élément cosmogonique "Terre".
Ce n'est qu'a partir de l'adoption du calendrier grégorien en 1912 que le nouvel an chinois, pour le différencier du nouvel an occidental, fut appelé "fête du printemps"(date de célébration du nouvel an lunaire qui annonce précisément la saison printanière).Le Nouvel An chinois 农历新年 (nónglì xīnnián) est la fête la plus importante pour les communautés chinoises à travers le monde entier. Le terme nónglì xīnnián signifie littéralement "nouvel an du calendrier agricole». Cette fête est un moment dont on profite en prenant des vacances, en se réunissant en famille et entre amis.
Ce premier jour du premier mois lunaire " yuan dan "
(Yuan : " le début " et dan : " le lever du jour "), désigne non seulement le premier jour de l'année, le premier jour du premier mois mais également le début de toute une année ; raison pour laquelle ce premier jour est aussi nommé " les " trois débuts "
. “BONNE ANNÉE !”,
En chinois, se dit 新年好 (xīn nián hǎo)
ou 新年快乐 (xīn nián kuàilè).
La légende
La fête du Printemps s'appelle aussi guonian. Qu'est-ce que le nian ? C'est un animal imaginaire qui porte malheur. Quand le nian arrive, les arbres se fanent, les feuilles s'éparpillent et l'herbe ne pousse plus. Dès qu'il est parti, tout ce qui vit se développe et les fleurs s'épanouissent. Comment faire pour que l'animal s'en aille ?
L’histoire du nian
Cet animal étrange de l'antiquité et particulièrement féroce avec des cornes sur la tête, nommé nian vivait au fond de la mer et mettait pied à terre à la veille du Nouvel An pour dévorer le bétail et les gens. Chaque année, par conséquent, les villageois emmenaient les vieillards et les enfants dans les montagnes désertes pour y fuir la férocité de l'animal.
Une veille du Nouvel An, un mendiant âgé arrive au village de Taohua, une canne à la main, un sac à l'épaule, à la barbe blanche et aux yeux brillants. Une vieille dame de l'est du village le persuade de fuir le nian dans les montagnes. Le vieux monsieur éclate de rire, la main à la barbe : "Si Madame me permet de rester une nuit chez vous, je chasserai l'animal".
A minuit, le nian entre dans le village. S'apercevant que dans la famille de la vieille dame à l'est du village, des papiers rouges ont été collés à la porte et que la maison est particulièrement éclairée, l'animal se jette sur la maison en poussant un cri sauvage. Près de la porte, tout d'un coup s'élèvent dans la cour des bruits ! Pris de frissons des pieds à la tête, l'animal se sauve à toutes jambes. En effet, le nian a peur du rouge, des flammes et des détonations.
Le lendemain, le 1er janvier, les réfugiés sont rentrés au village. Voyant que tout est intact, ils se ruent vers la famille de la vieille dame et voient des papiers rouges à la porte, dans la cour des bouts de bambous qui émettent encore des sons et dans la maison quelques bouts de bougies encore en train de brûler ...
Fous de joie, les villageois changent d'habit et de chapeau pour célébrer l'avènement du bon augure et vont présenter leurs félicitations à leurs parents et amis. L'affaire est rapidement connue dans les villages voisins. On connaît ainsi la façon de chasser le nian.
Désormais, à la veille du Nouvel An, toutes les familles collent des papiers rouges parallèles à la porte, tirent des pétards, allument des bougies toute la nuit et restent éveillées jusqu'au lever du soleil. Au petit matin du 1er janvier, on va se souhaiter la bonne année dans les familles.
Avec sa diffusion, l'usage a évolué pour devenir la plus grande fête traditionnelle du peuple chinois.
Durée des festivités
Le nouvel an chinois se déroule sur 15 jours et se termine par la fête des lanternes. Officiellement 7 jours de congé pour la Chine. Les seuls établissements ouverts sont les théâtres et les restaurants. La vie économique du pays reprend le 5e jour du Nouvel An, mais l'ambiance festive continue jusqu'à la Fête des Lanternes. Ces congés sont une période de migration intense, car nombreux sont ceux qui s'efforcent de rejoindre leur famille, depuis 'étranger parfois.
Ce nouvel an est aussi fêté à Hong Kong, Macao, au Vietnam (fête de Têt), en Corée du sud (fête de Seollal), à Singapour, Brunei et en Indonésie...
Traditions
Les célébrations, coutumes et tabous de la fête de printemps varient dans les détails selon les régions ou les époques. La pratique générale veut qu'on s'efforce, accompagné de signes de bon augure, de repartir sur un nouveau pied après s'être débarrassé des mauvaises influences de l’an passé.
Le 23ème jour du douzième mois ouvre la période de préparation de la fête du Nouvel An.
Traditionnellement le 23 et le 24 du 12e mois, a lieu le « petit Nouvel An » (xiǎogùonían 小過年),
Le 23 le dieu du foyer, Zaojun, ou dieu du Fourneau, remonte au ciel faire son rapport annuel à l’Empereur de jade sur la conduite de chaque humain. Afin qu’il ne profère que de bonnes paroles, on lui offre plats et vins. Des sucreries sont supposées lui coller la bouche pour qu’il ne parle pas de trop. L’opium était aussi utilisé pour l’ensommeiller et le rendre oublieux de toutes les malversations dont il aurait pu être témoin et qu’il se serait senti obligé de rapporter au ciel. On dépose ensuite sur un autel dressé en son honneur de l’eau, de l’herbe et du grain censés abreuver et restaurer durant le voyage son cheval, dont on a découpé l’effigie dans du papier. On brûle ensuite la propre effigie de Zaojun, image imprimée sur papier ou sur des tablettes en bois, à la fin de l’offrande. Celle-ci sera remplacée par une nouvelle statuette le jour de son retour, le petit matin du premier jour de l’an. Le départ de Zaojun est accompagné par des lancés de pétards (1) qui ont pour vertu d’effrayer les mauvais esprits et d’attirer les bons au moment des offrandes. Ils sont également censés réjouir les dieux.
Cette journée est aussi un jour de réjouissances pour les enfants, en raison de l’abondance de nourriture très sucrée et collante. On mange des Dan San, beignets faits d’une pâte à base de farine, de graisse, d’œufs, pliée en forme de nœud papillon, plongée dans un sirop épais enrichi de grain de sésame. Des papayes confites, des bonbons à la noix de coco, ainsi que d’autres sucreries finissent de combler les babines enfantines comme celles des adultes.
Le 24ème jour du 12ème mois lunaire - Le départ des dieux du foyer
Le lendemain de l’offrande au dieu du fourneau Zaojun, tous les dieux du foyer (dieu de la maison, du puits, du bâtiment, des pièces) doivent à leur tour remonter au ciel. On brûle palanquins et chevaux, représentatifs de leur moyen de transport jusqu’au ciel ainsi que du faux papier monnaie afin qu’ils ne manquent de rien durant le voyage. Il est coutume de les reconduire très tôt le matin, un jour venteux de préférence pour faciliter la montée au ciel. On salue leur départ avec des pétards afin d’éloigner tous esprits néfastes.
Leur retour est attendu le quatrième jour du premier mois de la nouvelle année.
Après leur départ la famille profite de leur absence pour effectuer un grand rangement dans la maison, au cours duquel sont épargnés les coups et les heurts du ménage. Puis on range les balais car on pense qu'en balayant le jour de l'an, on pourrait balayer la chance avec la poussière.
Le rituel du Cinian
« Cinian » signifie « prendre congé de l’année ». On rend hommage une dernière fois aux dieux et aux ancêtres par des prières. Sur l’autel des ancêtres, on a brûlé de l’encens et disposé des gâteaux du nouvel An. L’après-midi la famille rend visite aux amis et aux proches pour leur souhaiter une bonne fin d’année. Puis elle va s’atteler aux longs préparatifs du banquet.
Il est très important de bien quitter l'année écoulée et d'entrer dans la nouvelle de la meilleure façon.
C'est pour cela que la coutume veut que l'on s'acquitte de toutes ses dettes. Pour y arriver, s'il le faut, on vend ses affaires inutiles. Les commerçants font un grand étalage de marchandises et Il se tient beaucoup de braderies à cette époque de l'année.
Il faut aussi se débarrasser des rancunes et des conflits.
Les devantures des magasins et des maisons sont parsemées d’emblèmes décoratifs, sortes de porte-bonheurs pour la nouvelle année.
A l’origine les Chinois utilisaient des branches de pêcher au-dessus des portes pour conjurer le mauvais sort au moment de la venue de la nouvelle année. La branche de pêcher est un talisman classique en Chine pour effrayer les mauvais esprits servant également de porte-bonheur. Les taoïstes les utilisaient contre les maladies et les démons. On retrouve le fruit lui-même, la pêche, dans la main droite de Shou Sing, dieu taoïste de la longévité. Puis, vient une période où le bois de pêcher se raréfia, les Chinois les remplacèrent alors par des représentations des dieux des portes(2) men shen en guise de protection, ainsi que des inscriptions sur des bandes de papier.
Ainsi, de la tradition de la branche de pêcher naquirent, les images des dieux des portes, les Taofu, et les sentences parallèles.
Les images des dieux des portes, souvent très colorées, sont imprimées sur papier ou gravées sur bois. Elles sont collées sur les battants des portes extérieures afin de protéger le foyer des esprits malveillants. Les dieux des portes sont représentés comme des guerriers vêtus d’une armure, et tenant dans la main une lance et un sabre.
Les Taofus sont des sortes de talismans en bois de pêcher que l’on suspend également de chaque côté de la porte et qui ont la même fonction protectrice que l’image des dieux des portes.
Les sentences parallèles, appelées « chunlian » (sentences du printemps) ou " dùilían 對聯 " (sentences qui se font face), sont formées de deux bandes de papier munies d’inscriptions, de vers se rapportant à des vœux pour la nouvelle année, la famille, etc. On les colle généralement de chaque côté de la porte d’entrée de la maison, ces deux vers se répondent, mais la famille peut aussi les suspendre sur les murs de la pièce principale. Elles étaient autrefois toujours calligraphiées à la main, de préférence par des personnes aux dons littéraires et calligraphiques. Ces caractères, souvent dorés, sont sur fond rouge - couleur du bonheur, symbole de la chance mais aussi parce que, dit-on les mauvais esprits craignent le rouge - sauf si la famille a souffert d’un décès au cours de l’année, auquel cas une bande de papier vierge de couleur blanche se substitue modestement aux sentences flamboyantes traditionnelles.
L’inscription la plus fréquente et relative à toutes conditions et tous rangs est « Puissent les cinq bénédictions (longue vie, richesse, paix, amour et vertu, et une fin qui couronne la vie) descendre jusqu’à cette porte ». S’il s’agit de boutiquiers et d’hôteliers « Puissent les riches chalands ne cesser de descendre jusqu’ici » (fu ke chang lin), ou « Puissent les hôtes venir en nuées » (ke ru yan lai). Des caractères comme fú (福) bonheur (3), ou chūn (春) printemps, souvent collés à l’envers car renverser est homophone de arriver. Un fu renversé signifie donc : « Le bonheur est arrivé. ».
Une troisième bande plus petite peut être collée au-dessus de la porte, avec les caractères « ji xiang » faste et « de bon augure ».
Maintenant, les Chinois peuvent confectionner eux-mêmes ces sentences parallèles, grâce à des petits livres explicatifs vendus à l’ouverture de la période de fête.
A la maison, la famille a pris soin de décorer la pièce principale.
Un autel est spécialement dressé en l’honneur des dieux, orné d’une bande de papier sur lequel figurent tous les dieux et les sages. Appelé « l’autel au ciel et à la terre » tian di zhuo, il reste en place tout au long de la période de la fête du printemps et n’est ôté qu’au moment de la Fête des Lanternes.
On achète des fruits en pots dont les mandarines représentent des lingots d’or, ou à défaut, on accroche à des branchages de cyprès des pièces de monnaie. Ces arbres miniatures destinés à attirer la fortune, sont appelés « l’arbre qu’il suffit de secouer pour faire venir la fortune » yao qian shu.
Il y a aussi des bouquets (le groupe de fleurs symbolise l'amitié et la famille) avec du bambou (fiabilité, persévérance et souplesse), des branches de pin (longévité et stabilité), des fleurs de prunus (fiabilité et persévérance) qui, ajoutées aux sentences parallèles intérieures, achèvent de donner une atmosphère de fête à la maison.
La jarre de riz est souvent surmontée d'une pancarte portant les mots "Toujours pleine!".
Toute la journée et, jusqu’au lendemain, pétards et tambours battent leur plein afin d’éloigner les esprits néfastes. Dans le même ordre d’idées, on dépose au seuil des portes des branchages de bois secs servant à repérer ces mêmes esprits malveillants, qui en marchant auraient ainsi fait du bruit.
Les courses
Des provisions sont faites, préparation importante autrefois car tous les commerces fermaient pendant les congés. Elles comprennent beaucoup de choses à grignoter en famille : graines de pastèque, fruits secs, bonbons etc. On faisait aussi l’achat de vêtements neufs, particulièrement pour les enfants. C'était auparavant une occasion bienvenue de renouveler sa garde-robe, mais avec le développement de l’industrie du prêt-à-porter, cette coutume a un peu perdu de sa valeur.
La cuisine
La veille du nouvel an, on finit de préparer tout ce qu'on mangera au réveillon car il ne faut pas utiliser d'instruments tranchants le jour de l'an de peur de couper la chance. Il y a beaucoup à faire, car il doit y avoir toutes sortes d'aliments pour apporter le bonheur, la chance, la réussite et la longévité.
Des nouilles, les plus longues possibles pour la longévité. Du poisson (entier y compris la tête et la queue) pour la richesse. Des oranges pour la santé. Des moules pour avoir de la chance en affaires, des dates et des châtaignes pour la fécondité. Des légumes verts pour la jeunesse et la spiritualité.
Il y a dans la maison aussi un plateau "être ensemble" avec un ensemble de fruits secs et sucreries à offrir aux parents et invités.
Dès l’après-midi, la famille s’affaire au préparatif du repas. Ceux-ci sont particulièrement longs car le menu qui compose le banquet est l’un des plus riches de toutes les fêtes traditionnelles chinoises. Certains mets (la viande séchée et salée) doivent parfois être préparés depuis le début du douzième mois. La variété des plats se retrouve dans la tradition d’un repas composé d’aliments symbolisant le bonheur, la chance, la réussite et la longévité.
Le Banquet du Printemps - Chun Jie -
Le repas de Nouvel An a souvent lieu au domicile des aînés de la famille. Dans les régions au mode de vie traditionnel, du fait de la coutume patrilocale, il s'agit de la famille paternelle.
C'est un moment de réunion familiale où tout le monde se retrouve autour d'une table, un repas familial très important. Le dîner ne peut commencer que lorsque tous les membres de la famille sont présents. Des places sont réservées à ceux qui travaillent au loin et ne peuvent pas rentrer pour le festin familial.
.Il n’y a pas de menu exact préétabli, il est laissé à l’imagination des exécutants. Il est généralement copieux et comporte souvent des plats symboliques :
Le plat appelé "légumes de la longue année" représente l'intelligence, le "poulet entier" est censé assurer la santé à tous les membres de la famille, les boulettes de poisson, de crevettes ou de viande, qui représentaient les 3 sommets du concours administratif dans la Chine ancienne, représentent aujourd'hui le succès dans les études. Aussi sont communément servis des plats frits à l’huile, symboles de la chance et de la prospérité ; des aliments de forme ronde (boulettes, pâtisseries, fruits) symboles de la réunion ; des vermicelles translucides, symboles de la fortune ; des nouilles, symboles de la longévité...
Deux spécialités sont cependant de mise, les jiaozis, raviolis chinois, et le niangao.
Le jiaozi se présente comme un ravioli dont la forme en demi-lune légèrement bombée évoque le Yuanbao, lingot d’argent de cinquante onces. Le consommer permet d’accueillir la fortune et d’entrer dans la richesse (« zhao cai jing bao »). Il est confectionné durant la veille du nouvel An (shousui) et consommé au moment de la soirée où l’on quitte l’année (cisui). Les jiaozis que l’on mange après minuit (zisui) sont appelés « le jiaozi qui a un an de plus » (geng sui jiaozi). Il existe plusieurs sortes de jiaozis, qui en fonction de leur composition sont porteurs de présages différents un ravioli au sucre annonce une douce existence pour l’année ; un à l’arachide une bonne santé et une longue vie. On y glisse parfois des objets métalliques. Un ravioli comportant une pièce de monnaie est synonyme de chance à venir, ou mieux si on tombe sur un ravioli dans lequel on a inséré « un ruyi » (sorte de talisman censé assurer la réalisation de tous les désirs), on aura alors des chances de voir tous ses vœux s’accomplir !
Le niangao est une pâtisserie originaire du sud de la Chine, à base de farine de riz glutineux mélangé à du sucre, du saindoux et de l’eau, le tout cuit à la vapeur. En manger constitue un heureux présage. Sa signification est issue du jeu de mot entre gao « le gâteau » et gao « d’élevé ». Il existe des centaines de types de niangaos.
Le banquet, à plus d'un titre dîner absolument à part dans l'année, est dressé dans la soirée, se termine à l'aube du premier jour et est consommé après que toutes les offrandes soient effectuées .Ces offrandes sont faites aux dieux et aux ancêtres. On dispose sur l’autel des dieux - l’« autel au Ciel et à la Terre » - des « migongs », bâtonnets de sucrerie à base de miel, et des gâteaux de lunes surmontés d’une marque rouge, empilés en forme de petites pagodes ; des fruits secs ; des pommes et des niangaos.
Les offrandes restent jusqu’à la Fête des Lanternes.
Ce repas est aussi appelé "banquet aux dieux de la fortune" car les mêmes plats seront servis le jour de l’hommage au dieu de la fortune.
L’heure du Rat (entre onze heures et une heure)
L’heure du rat marque le moment où tous les esprits viennent sur terre participer à la fête. Aux ancêtres et aux esprits, est laissé le loisir de jouir du banquet autour duquel on a disposé des bâtonnets d’encens.
A une heure du matin on brûle l’image des dieux et des sages, et on installe une nouvelle image de Zaojun, dont c’est précisément le retour.
L’argent de la chance
Après le banquet, les parents donnent aux enfants des enveloppes rouges contenant de l’argent (hongbao) "l’argent de la chance ".
Traditionnellement, elles étaient distribuées par les aînés aux enfants et aux jeunes non mariés, et avaient surtout la valeur symbolique de porter chance durant toute la nouvelle année. Lors des distributions solennelles par les aînés, la personne qui reçoit l’enveloppe adresse un vœu (吉祥話 jíxiánghùa) ; le plus courant est « félicitations, et faites fortune » (gōngxǐ fācái 恭喜發財 / 恭喜发财). Beaucoup d’enveloppes rouges contiennent une somme modeste, en nombre pair de billets, mais il arrive que ce soit le moyen par lequel une personne professionnellement active remette à ses parents âgés ou à ses enfants toute une année d’argent de poche. Lors des visites à la famille et aux amis dans les jours qui suivent, il est coutume d’offrir une enveloppe aux enfants des visiteurs ou des visités ; beaucoup ont donc soin de s’approvisionner en petites coupures avant la période de la fête. Autrefois l’argent du Nouvel An se présentait sous la forme de cent pièces de cuivre liées ensemble, symbolisant l'espoir de vivre jusqu'à cent ans.
« La danse du lion »
Le lion ouvre toujours le bal du réveillon. Au rythme des battements de tambours, de cymbales et de gong, des équipes composées de sept à dix danseurs animent les rues chinoises, dissimulés sous le corps d’un fauve géant en papier mâché, drapé de tissus multicolores. La danse ressemble à de la danse acrobatique et à de l'art martial et nécessite une habilité extraordinaire. Une tradition ludique, typique du Nouvel An, qui remonte à l’Antiquité. Pour faire plus d'effet les paupières, la bouche et les oreilles du lion sont mobiles. Le moment culminant de la danse, est quand le lion dévore un chou vert dont il recrache les feuilles pour garder le paquet rouge caché dedans, action accompagnée d'un crescendo des percussions pour lui donner toute son intensité dramatique.
Cet évènement a lieu tout le long des deux premiers jours du nouvel an pour apporter de la chance et protéger du mauvais esprit.
Si les règlements locaux le permettent, une chaîne de pétards est allumée dès onze heures ou minuit.
Les enfants étaient autorisés ce soir-là à faire éclater des pétards ou à faire brûler des feux de Bengale, en attendant la chaîne de pétards que chaque foyer se devait d’allumer à l’arrivée du premier jour de l’année (minuit au XXIe siècle, mais autrefois on changeait de jour à 11 h du soir). Néanmoins, à cause des accidents de plus en plus fréquents dus à la concentration urbaine, beaucoup de pays ont interdit les pétards privés. Des modèles électriques lumineux et sonorisés sont proposés sous le nom de « pétards électriques » (dìanbīanpào 電鞭炮 / 电鞭炮), avec un succès variable.
Une coutume ancienne veut qu’on aille se coucher le plus tard possible ce soir-là, car ce serait un gage de longévité ; cela s’appelle « monter la garde de l’année » (shǒusùi 守歲 / 守岁). Une télévision aide largement à remplir cet objectif, mais un jeu (mahjong par exemple) est aussi souvent choisi, d’autant que pour certains il est bon de tenter sa chance pendant la nuit du Nouvel An. Dans certaines régions, les jeux d’argent habituellement interdits étaient exceptionnellement autorisés pendant la fête de printemps.
Souvent, on triche un peu, pour prendre quelques heures de repos la famille va se coucher toute habillée en laissant les lumières allumées et à l'aube les rituels reprennent.
Le jour de l'an
Le matin, après un court repos, beaucoup se rendent au temple local, puis sur les tombes ancestrales s’ils habitent à proximité. On considère que plus la visite au temple est précoce, plus on aura de chance dans l’année. Il arrive donc que les fidèles se massent devant les grands temples avant l’ouverture des portes pour être le premier à planter sa baguette d’encens dans le brûle-parfum. Dans certaines villes, un temple ouvre à minuit, première heure du premier jour.
Dès le matin on procède au culte des ancêtres, auxquels l’on exprime sa reconnaissance. On offre devant les tablettes des ancêtres (planchettes en bois sur lesquelles sont gravés les noms des défunts, placées sur l’autel des ancêtres) des gâteaux de nouvel An, des fruits, des aliments sucrés et salés, du vin. On allume de l’encens et des bougies rouges puis on s’incline devant les tablettes en signe de reconnaissance de leur bonté, mais aussi, de celle des dieux, des parents et des aînés.
A la fin de la cérémonie, toute la famille se félicite mutuellement. Les enfants défilent devant les parents et présentent leurs vœux, de l’aîné au plus jeune, et du fils à la fille. Ils peuvent aussi recevoir une enveloppe rouge à ce moment-là.
. Les familles qui en avaient les moyens commandaient une danse de lion ou de dragon. Dans certaines cités hors de Chine comme Paris, la diaspora chinoise organise une parade ; la tradition en a débuté à San Francisco dans la seconde moitié du XIXe siècle.
"La danse des dragons"
La danse du dragon fait partie des festivités. Contrairement aux Occidentaux, les Chinois considèrent le dragon comme un animal représentant la noblesse, la bravoure et la chance. Après plus de mille ans d'existence, cette danse du dragon conserve toute sa popularité et tout son pouvoir de fascination. Elle peut s'exécuter le jour ou la nuit. Le spectacle nocturne est toujours d'une beauté saisissante. Le dragon utilisé est paré d'une grande variété de couleurs chatoyantes. Il comprend en général de 9 à 12 sections, chacune pouvant atteindre de un à trois mètres de longueur. Tambours et gongs rythment la danse de cet animal mythique tant respecté des Chinois.
Le rituel du " zuo ke " " faire l’invité "
L’après-midi et les deux jours qui suivent, la famille se disperse pour rendre visite aux proches, aux amis, parfois même aux supérieurs, chez qui on va présenter ses vœux et « faire l’invité ». Des cartes de visite aux parents et aux amis éloignés sont envoyées.
Quelques membres de la famille restent pour recevoir ses propres invités, auxquels leurs sont présentés sucreries, gâteaux, thés et tabac. Offrir des sucreries est une manière d’exprimer aux invités le vœu d’une douceur de vivre et d’une année sans soucis. Les enfants qui viennent présenter leurs souhaits reçoivent une orange par réciprocité de leurs vœux de bonheur. L’orange symbolise le bonheur et la longévité. Donner ce fruit aux enfants signifie « Bien des années après celle-ci ». Les invités peuvent donner des enveloppes rouges aux enfants s’ils sont issus de la même famille.
Toute la journée durant les pétards ne cessent de résonner.
Ce premier jour de l’année est traditionnellement une journée exclusivement végétarienne, car il marque un nouveau départ, ainsi le corps doit être purifié. La tradition serait issue d’influences bouddhiques, selon lesquelles consommer de la viande est considéré comme impur. Le plat préparé la veille, peut être mijoté ou sauté cependant que les aliments qui le composent restent identiques champignons, pouces de bambou, grains de lotus...
On porte aussi de nouveaux vêtements.
Le deuxième jour du premier mois lunaire
Lors du deuxième jour, les activités de la Fête du Printemps se poursuivent. On continue de rendre visite aux proches et aux amis, et particulièrement aux parents de sa femme puisque ce jour est réservé à « l’accueil du gendre ». Ces visites ont pour but de renforcer les liens sociaux entre les familles.
C’est aussi au 2ième jour qu'à lieu le Culte au dieu de la fortune. Devant des cierges et de l’encens allumés, toute la famille prie le dieu de la fortune afin qu’il lui accorde chance et réussite pour l’année qui commence. On couronne la cérémonie par des pétards.
Ce jour-ci le repas est le même que celui consommé au banquet du nouvel An.
Troisième jour du premier mois lunaire : le mariage des souris
Ce jour-là la tradition veut que l’on ne dérange à aucun prix les souris et qu’on les laisse même grignoter dans les savoureuses provisions de la famille. Au petit matin la famille s’efforce de se lever sans les troubler et dépose même à leur intention de la nourriture aux quatre coins de la maison.
Selon la légende, un charbonnier reçut un jour la visite d’une jeune fille qui lui offrit de lui préparer son déjeuner. Alors qu’elle s’affairait au fourneau il remarqua des empreintes de griffes sur la pâte des raviolis et s’aperçut avec horreur que les mains de la jeune fille étaient semblables aux pattes des souris. Croyant avoir affaire à une sorcière, il voulu lui trancher les mains mais au même moment la jeune fille disparut comme par enchantement. Convaincu qu’il s’agissait d’une immortelle et pris de remords, il décida avec ses amis d’offrir de la nourriture aux souris afin d’apaiser la colère de l’immortelle. Depuis ce jour les souris furent autorisées à grignoter impunément dans les réserves des hommes, un jour par an.
Durant ces trois premiers jours de l’année, la croyance veut que si l’on mange du riz cuit avec trop d’eau, il fera de la pluie toutes les fois que l’on sortira dans l’année.
Le quatrième jour du premier mois lunaire
Le retour des dieux du foyer
Le retour des dieux tutélaires est attendu ce jour-ci, on les accueille à l’aide de rafraîchissements déposés en offrande.
Le cinquième jour du premier mois
Le cinquième jour marque la fin des réjouissances de la célébration du nouvel An, sans que la période de la fête du printemps soit totalement close. On enlève les emblèmes décoratifs dans la maison et les activités quotidiennes reprennent véritablement leur cours. Les commerces rouvrent.
Le cinquième jour, c'est Po Woo, on reste à la maison pour accueillir le dieu de la richesse
Le septième jour du premier mois : le jour de l'homme (ren ri )
Le septième jour du premier mois est celui de l’homme. D’après les anciens écrits de Tung Fang So, censeur de l’empereur Wudi sous les Han (206 av. JC - 220 ap.JC), les huit premiers jours de l’année sont respectivement attribués au coq, au chien, au cochon, au mouton, au bœuf, au cheval, à l’homme et aux grains. Si un mouton met au monde des petits sur son jour (le quatrième), sa progéniture sera exemplaire, à l’autre condition que ce jour soit ensoleillé. C’est donc à cette date de l’année que les humains changent tous ensemble d’âge et non au jour de la naissance. En Chine un enfant qui vient au monde a déjà un an et s’il est né durant le douzième mois, il aura deux ans le septième jour du premier mois alors qu’il n’aura en réalité qu’un mois d’existence sur cette terre. On dit que si le temps est clair et ensoleillé ce jour-là, les naissances seront nombreuses dans l’année.
Pour fêter l’événement la famille se réunit autour d’un banquet appelé « bai shou » qui signifie « prier pour la longévité ». Les mets symboliques consommés sont principalement les nouilles, qui du fait de leur longueur constitue le souhait d’une longue vie. Sautés avec de la viande et des pousses de bambou, le plat signifiera « nous vous souhaitons une longue vie ». En effet le caractère bambou est homophone de « prier, souhaiter » ; et, parce que toujours vert et inaltérable le bambou est aussi signe de jeunesse et de longévité.
Le huitième ou neuvième jour — selon les régions — est l’anniversaire du Dieu du Ciel (天公) assimilé à l’Empereur de jade. Une cérémonie se déroule chez soi ou au temple tard le soir, au début de la nouvelle journée.
Du dixième au douxième jour, on invite ses amis à dîner et le treizième jour on ne mange que du riz et des feuilles de moutarde.
Le quatorzième jour, on prépare la fête des lanternes qui a lieu le quinzième jour
La fête des lanternes (15ème jour du premier mois lunaire)
Clôture de la période de festivités du nouvel An.
Le quinzième jour du premier mois, la lune entre dans sa première lunaison depuis la fête du printemps (la nuit de l’avènement du nouvel An). Les Chinois célèbrent cette soirée de pleine lune en accrochant des lanternes multicolores à la tombée du soir.
A l’origine, la fête était rendue en l’honneur des astres et des étoiles. « La cérémonie d’offrande à l’unité suprême » (tai yi) se déroulait depuis le crépuscule jusqu’au lever du jour. Les offrandes étaient destinées à un univers éternel qui, depuis longtemps précédait l’homme dans sa réalité.
On retrouve l’usage des lanternes dans les temples. Elles y étaient suspendues en hommage au seigneur du ciel Tian Gong, ou encore à cette même unité suprême Tai Yi, élément essentiel dans la cosmologie chinoise.
Au premier siècle de notre ère, l’empereur Ming des Han, instigateur de la propagation du bouddhisme en Chine, ordonna un jour qu’on allumât des lanternes pour honorer Bouddha. On dit qu’il en fit déployer un si grand nombre que Bouddha lui même descendit du ciel pour les admirer.
Plus tard, sous les Tang (618-906), on raconte qu’un autre empereur fit dresser lanternes et ornements dans l’ancienne capitale de Chang An, pour le divertissement de la cour et le ravissement des invités étrangers, associant dès lors l’usage des lanternes avec l’idée d’un certain faste.
De nos jours l’usage des lanternes a perdu son caractère hiératique, il invite davantage à la fête et fait le bonheur des enfants.
Dès l’après-midi une multitude de lanternes rivalisent de couleurs et d’images, aux enseignes des magasins, des boutiques... Elles sont généralement de forme ronde et sont confectionnées avec du papier souvent fin, ou encore du tissu, et autres matériaux.
On en trouve à l’effigie des animaux issus de l’horoscope chinois (tigre, singe, dragon...). Parmi ceux-ci, les plus nombreux sont ceux qui représentent l’animal patron de l’année. Parfois des scènes historiques célèbres sont entièrement reproduites.
La fête revêt un caractère plus social que la fête du printemps elle donne traditionnellement l’occasion de se rencontrer, ou de faire des rencontres, car le soir, on sort pour se délecter du spectacle des lanternes.
Des anciennes coutumes autorisaient aux jeunes seulement deux sorties par an le jour de la fête des pures clartés (qing ming jie), où l’on sortait nettoyer les tombes ; et le soir de la fête des lanternes, au cours duquel la jeune fille partait à la rencontre de son futur fiancé. Dans beaucoup de romans anciens les rencontres se produisent le soir de la fête des lanternes.
La croyance populaire veut aussi que le jour de la fête des lanternes avec celui de la fête de la pleine lune en automne, soient les seuls où une femme enceinte, grâce à un rituel précis, peut connaître le sexe de son futur enfant. Avant minuit, et après avoir fait brûler de l’encens et des bougies devant l’autel des ancêtres, la future mère fait sauter des gâteaux de lune à la poêle plusieurs fois tout en murmurant des prières. Puis, tenant un gâteau de lune derrière son dos, elle sort subrepticement de la maison, toutes oreilles dehors. Les premiers bruits ou paroles qui lui parviendront alors, seront des indices révélateurs. La femme retourne ensuite auprès de l’autel et renouvelle le petit rituel culinaire des gâteaux de lune.
Le jour de la fête des lanternes, on a coutume de manger des yuan xiao. Ce sont des boulettes de riz glutineux farcies de saindoux de sucre, de noix, de grains de sésame et de fleurs de canneliers. Là encore il existe une multitude de yuan xiao.
Durant les premières années de la république, on désigna les yuan xiao sous le nom de « tang yuan » (soupe de la réunion), car Yuan Shikai (1859-1916), fondateur du régime républicain en Chine, refusa d’être associé au nom d’une friandise. Plus grave encore, xiao étant aussi homophone de « faire disparaître », yuan xiao signifiait « éliminer M. Yuan » !
La période des festivités de la fête du printemps s’achève sur la venue de cette seconde pleine lune, et laisse place aux nombreuses fêtes traditionnelles qui jalonnent l’année lunaire.
Superstitions.
Beaucoup de superstitions sont associées à cette période.
On ne doit pas utiliser de mots grossiers et parler de la mort.
Si on casse un plat, il faut immédiatement dire paix tout le long de l'année.
Il faut maintenir des bougies allumées pour attirer la longévité.
(1) L’origine des pétards,
en chinois « bambous violents » (baozhu), est liée à deux croyances.
La première, souvent relatée dans le cercle familial, raconte qu’il y a de cela très longtemps, au cours d’un violent combat, l’armée, sur le point d’être vaincue, décida de se replier. Elle parvint, dans sa fuite, aux pieds d’une grande plantation de bambous. A l’approche de l’armée adverse, les soldats pris par l’urgence, mirent le feu au champ de bambous. Le bruit et la lumière qui se dégagea de l’explosion fut tellement impressionnante que l’ennemi prit aussitôt ses jambes à son cou.
L’autre légende veut qu’autrefois les voyageurs qui campaient dans la montagne avaient coutume d’allumer des bambous afin d’éloigner les Shan Sao. Les Shan Sao étaient des êtres fabuleux, inoffensifs, de la taille d’un enfant. Ils avaient pour habitude de se glisser la nuit jusqu’au camp des voyageurs, cherchant leur feu pour y rôtir des crabes qu’ils parvenaient à attraper à mains nues. Les bruits pétaradant des bambous mettaient radicalement en fuite ces petits perturbateurs nocturnes.
(2) Les dieux des portes.
Leur identité divine se confond avec celle de deux gardiens de l’empereur Taizong (627-649) sous les Tang (618-906). Cela est entre autres dû à une tendance chez les Chinois à diviniser des personnalités humaines, à la suite d’exploits quelconques.
D’après la légende, l’empereur céleste Huang Di fit appel à Shen Tu et Yu Lei pour surveiller la porte de l’enfer située au nord d’une île perdue dans l’océan, et d’empêcher toutes sorties d’esprits malveillants. Tout esprit malveillant qui tentait de fuir était aussitôt attrapé par Shen Tu et Yu Lei à l’aide d’une corde de chanvre, et jeté ensuite aux tigres.
D’autres rapportent que les dieux des portes seraient Qin Qiung et Hu Jinde, deux gardiens devenus légendaires sous l’empire des Tang. L’empereur Taizong, sujet à des cauchemars la nuit, ordonna à Qin Qiung et Hu Jinde de veiller auprès de son chevet jusqu’à ce que les mauvais esprits qui perturbaient son sommeil en soient définitivement chassés.
(3) Le « bonheur » à l’envers.
Histoire d’un caractère
Le caractère « bonheur » évoque chance et fortune pour les chinois. Il n’est donc pas étonnant qu’au Nouvel An chinois ils aient l’habitude, aussi bien dans le passé qu’à présent, d’apposer à leur porte ce caractère pour exprimer leur aspiration à une vie heureuse et à un avenir meilleur.
Parmi le peuple chinois, où cette tradition semble être plus vivace que chez les autres couches sociales, on a souvent tendance à coller ce mot à l’envers pour signifier, en jouant sur son homonymie, l’arrivée du « bonheur » ou de la « chance ».
En ce qui concerne l’origine du caractère « bonheur » renversé, la légende suivante circule parmi le peuple : à l’époque du premier empereur des Ming, Zhu Yuanzhang, ayant appris un jour que celui-ci voulait tuer des personnes avec pour signe secret le mot « bonheur », la bienveillante impératrice Ma ordonna, afin d’éviter le désastre imminent, à tous les foyers de la capitale de coller ce caractère sur leur porte avant le lever du jour. N’osant désobéir à cet ordre de l’impératrice, tous les foyers de la capitale couvrirent le soir même leur porte avec le mot « bonheur ». Cependant, comme il y avait des illettrés parmi les habitants, chez certains d’entre eux, le caractère « bonheur » se trouvait malencontreusement collé à l’envers. Le lendemain, après avoir envoyé des inspecteurs dans les rues, l’empereur fut mis au courant que toutes les portes portaient le mot « bonheur », et que l’un des foyers était allé jusqu’à coller ce mot à l’envers. Fâché par ce rapport, l’empereur ordonna qu’on aille immédiatement saisir tous les membres de la famille intéressée pour les décapiter. Face à cette situation critique, l’impératrice Ma eut soudain une idée et déclara ainsi à son impérial époux : « C’est peut-être parce qu’elle était informée de votre prochaine visite que cette famille a mis exprès le mot à l’envers, et ce pour sous-entendre que le "bonheur" ne tarderait pas à l’honorer de sa visite. » Pensant que son épouse avait raison, l’empereur finit par décider de remettre la famille en liberté.
Depuis lors, on met ce mot à l’envers, ce qui rappelle, en dehors de son sens initial de bon augure, le souvenir de la bienveillante impératrice Ma.
A l’heure actuelle, le caractère « bonheur » n’est plus exclusivement consacré à la célébration du Nouvel An, mais également utilisé comme motif dans la manufacture de nombreux articles artisanaux servant de porte-bonheur. Parmi ceux-ci, on note par exemple le vase à fleurs à motifs de cinq chauves-souris (ces animaux évoquent aussi le bonheur par homonymie) et les articles de vannerie portant le mot « bonheur ». En outre, les artisans populaires chinois ont la tradition de transformer le caractère « bonheur » en motifs variés évoquant entre autres un vieillard de la longévité, une pêche de l’immortalité, une carpe sautant par-dessus la porte du dragon, une moisson abondante, ou bien encore une union nuptiale parfaite.
Le solstice d’hiver (11ème jour du 11ème mois lunaire)
La fête du solstice d’hiver était surtout célébrée par les paysans. Elle annonçait le printemps et ouvrait la période des vingt-quatre « jie ji » (divisions solaires de l’année, en période de quinze jours dans le calendrier agricole). A partir de cette date en effet les jours commençaient de nouveau à s’allonger, tandis que débutait la période des 81 jours de grands froids que les enfants s’amusaient à compter en remplissant chaque jour un cercle dans lequel ils indiquaient le temps de la journée ; ou bien en noircissant un trait d’une sentence de neuf caractères dont chacun avait neuf traits « les saules qui pendent devant la cour et les plantes florissantes attendent la venue du printemps ».
Sous la dynastie des Zhou (1122 av. JC - 256 ap. JC), le solstice d’hiver marquait le début de la nouvelle année lunaire, on l’appelait « le petit Nouvel An ». Ce jour là l’empereur devait accomplir des rites en l’honneur du ciel. Cette coutume s’est popularisée pour devenir un jour de vénération du ciel et des ancêtres. On prépare, en offrande aux ancêtres, de la viande de porc qui, selon la coutume doit être bouillie jusqu’à ce qu’elle devienne blanche ; et des yuan xiao, boulettes de riz glutineux farcies, symbole de par leur forme ronde, de l’union familiale. La viande est ensuite consommée par la famille. On offre ces mêmes boulettes de riz aux divinités, mais non farcies.
Après l’offrande, la maison doit être nettoyée afin de chasser les malheurs de l’année écoulée.
Un second rite, peu pratiqué de nos jours, consiste à absorber des haricots rouges sucrés. Cette coutume remonte à la dynastie des Zhou, époque durant laquelle les Chinois pensaient que les enfants mouraient plus facilement durant la nuit du solstice d’hiver et qu’ils se transformaient ensuite en fantôme. Ces fantômes d’enfants, craignant particulièrement les haricots rouges, toute la famille avait pris coutume de déguster cette bouillie chargée d’écarter dans le même temps les mauvais esprits et les maladies.
La fête Lari (14ème jour du 12ème mois lunaire)
La fête Lari était un sacrifice célébrée trois jours après le solstice d’hiver pour fêter les récoltes, remercier les ancêtres, et les cinq dieux tutélaires, appelés aussi les dieux du foyer (dieu de la porte, de l’auvent, du puits, de l’âtre, du foyer, des fenêtres). Cette fête signalée dans le Livre des Rites remonte à la haute Antiquité. Elle fut ensuite fixée au huitième jour du huitième mois de l’année lunaire et n’est plus célébrée de nos jours que par une bouillie spéciale appelée le Labazhou ou encore « bouillie nationale ». Elle est constituée d’aliments de base qu’on avait coutume à cette occasion d’offrir aux ancêtres, aux dieux, ainsi qu’aux amis : du riz, des légumineuses (pois, fèves, haricots, soja), des jujubes, des châtaignes... Cette bouillie est consommée non seulement en Chine mais aussi en Inde et dans d’autres pays bouddhiques.
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